Un écrin naturel au pied de la ville
Situés aux abords de Cambrai, les marais de Cantimpré forment depuis des siècles un espace de transition entre la ville fortifiée et la campagne environnante. Constitués de sols argileux, gorgés d’eau et régulièrement enrichis par les alluvions, ils offraient un terrain exceptionnel pour l’agriculture de proximité. Ces zones humides représentaient une véritable ceinture nourricière pour les habitants de la cité.
Des terres façonnées par l'homme
Ces marais n’étaient pas laissés à l’état sauvage : ils ont été progressivement drainés, aménagés et cultivés par les maraîchers. Grâce à des fossés, canaux et diguettes, ils pouvaient gérer l’humidité du sol et le rendre exploitable. Cette maîtrise de l’eau était essentielle pour la réussite des cultures, en particulier pour les légumes exigeants comme l’oignon. On y trouvait aussi des choux, des carottes et d’autres productions destinées aux marchés de Cambrai.
Une proximité stratégique
La force des marais de Cantimpré tenait autant à leur fertilité qu’à leur situation géographique. Ils se trouvaient juste aux portes de la ville fortifiée, ce qui permettait aux maraîchers d’acheminer rapidement leurs récoltes sur les marchés. Cette proximité a favorisé l’essor de l’oignon de Cambrai, qui trouvait immédiatement preneur auprès des citadins. La culture maraîchère devenait ainsi une activité économique vitale, mêlant agriculture et commerce de proximité.
Le berceau de l’oignon de Cambrai
Dans ces sols humides et riches, l’oignon de Cambrai trouva un environnement idéal pour se développer. Sa croissance régulière, sa chair tendre et sa saveur douce étaient le fruit de cette terre généreuse, qui lui conférait un caractère uniquepar rapport aux variétés cultivées ailleurs. Les marais de Cantimpré ne furent donc pas seulement un lieu de culture, mais le véritable berceau de son identité.
Des paysages vivants
Au XIXᵉ siècle, ces marais fourmillaient d’activité. Les parcelles rectangulaires se succédaient, séparées par des canaux où l’on circulait parfois en barque pour transporter les récoltes. Les maraîchers travaillaient la terre à la main ou avec des outils rudimentaires, perpétuant des gestes ancestraux. Ce paysage animé reflétait une harmonie entre l’homme et la nature, façonnée par le besoin de nourrir la ville.
Entre abondance et fragilité
Si les marais de Cantimpré étaient synonymes d’abondance, ils restaient un environnement fragile. Les inondations pouvaient ruiner une récolte en quelques jours, et l’entretien constant des canaux était indispensable. Cette vulnérabilité forgea chez les maraîchers une culture de résilience et d’ingéniosité. Ils surent adapter leurs pratiques pour tirer le meilleur parti de ce cadre exigeant.
Héritage paysager et mémoire collective
Avec le recul, les marais de Cantimpré apparaissent comme un haut lieu de la mémoire maraîchère cambrésienne. Ils rappellent combien la géographie et l’histoire sont liées : sans ces terres fertiles, l’oignon de Cambrai n’aurait peut-être jamais acquis sa réputation. Aujourd’hui encore, ces marais demeurent dans la mémoire locale comme le symbole d’une époque où la ville et la campagne vivaient en étroite interdépendance.